lundi 4 juin 2007

Gary Snyder - traduction

de quoi vous mettre sous la dent avant que je n'ai de nouveau le temps de faire de vrais articles. il s'agit d'une des traductions sur lesquelles je travaille, un peu à la va-vite celle-ci parce qu'elle n'est pas ma priorité, mais je l'aime bien quand même. vos commentaires, autant sur le poème que sa traduction sont les bienvenus. et ce d'autant plus que j'ai un creux de découragement vis-à-vis de ce blog sur le mode à quoi bon, donc ça serait pas mal. :-)

Four Poems for Robin by Gary Snyder

Swashing It Out Once in Suislaw Forest




I slept under rhododendron
All night    blossoms fell
Shivering on          a sheet of cardboard
Feet stuck   in my pack
Hands deep    in my pockets
Barely  able    to   sleep.
I remembered    when we were in school
Sleeping together   in a big warm bed
We were     the youngest lovers
When we broke up     we were still nineteen
Now our   friends are married
You teach  school back east
I dont mind     living this way
Green hills   the long blue beach
But sometimes        sleeping in the open
I think back    when I had you.
 
      A Spring Night in Shokoku-ji
 
Eight years ago this May
We walked under cherry blossoms
At night in an orchard in Oregon.
All that I wanted then
Is forgotten now, but you.
Here in the night
In a garden of the old capital
I feel the trembling ghost of Yugao
I remember your cool body
Naked under a summer cotton dress.
 
    An Autumn Morning in Shokoku-ji
 
Last night watching the Pleiades,
Breath smoking in the moonlight,
Bitter memory like vomit
Choked my throat.
I unrolled a sleeping bag
On mats on the porch
Under thick autumn stars.
In dream you appeared
(Three times in nine years)
Wild, cold, and accusing.
I woke shamed and angry:
The pointless wars of the heart.
Almost dawn. Venus and Jupiter.
The first time I have
Ever seen them close.
 
           December at Yase
 
You said, that October, 
In the tall dry grass by the orchard 
When you chose to be free, 
"Again someday, maybe ten years."
 
After college I saw you
One time. You were strange.
And I was obsessed with a plan.
 
Now ten years and more have 
Gone by: I've always known
         where you were-- 
I might have gone to you
Hoping to win your love back.
You still are single.
 
I didn't.
I thought I must make it alone. I
Have done that.
 
Only in dream, like this dawn,
Does the grave, awed intensity
Of our young love
Return to my mind, to my flesh.
 
We had what the others
All crave and seek for;
We left it behind at nineteen.
 
I feel ancient, as though I had 
Lived many lives.
And may never now know
If I am a fool
Or have done what my 
        karma demands.



From The Back Country, by Gary Snyder. Published by New Directions, copyright © 1968.
Reprinted with permission.

Quatre poèmes pour Robin

Le faire sortir une bonne fois dans la Forêt de Suislaw

J’ai dormi sous le rhododendron

Toute la nuit les fleurs sont tombées

Frissonant sur une feuille de carton

Les pieds recroquevillés dans mon paquet

Les mains au fond de mes poches

A peine capable de parler

Je me souvins quand nous étions à l’école

On dormait dans un grand lit chaud

On était les plus jeunes amoureux

Quand on se sépara on avait encore dix-neuf ans

Maintenant nos amis sont mariés

Tu enseignes à la primaire loin dans lest

Ça m’est égal de vivre ainsi

Les collines vertes la longue plage bleue

Mais parfois à dormir à la belle étoile

Je repense à quand je t’avais.

Une nuit de printemps à Shokoku-ji

Il y a huit ans ce mois de mai

Nous marrions sous les cerisiers en fleurs

La nuit dans un verger de l’Oregon.

Tout ce que je voulais alors

Je l’ai oublié aujourd’hui, sauf toi.

Ici dans la nuit

Dans un jardin de la vieille capitale

Je sens le fantôme tremblant de Yugao

Je me souviens de ton corps tiède

Nu sous une robe d’été en coton.

Un matin d’automne à Shokoku-ji

La nuit dernière en regardant les Pléidaes,

En exhalant de la fumée au clair de lune

D’amers souvenirs comme des vomissures

Me prirent à la gorge.

Je déroulai un sac de couchage

Sur des tapis sur le porche

Sous les épaisses étoiles automnales.

Je rêvai que tu apparaissais

(trois fois en neuf ans)

Furieuse, froide, et accusatrice.

Je me réveillais honteux et en colère :

Les guerres vaines du cœur.

Presque l’aube. Vénus et Jupiter.

La première fois que je les ai

Même jamais vu de près.

Décembre à Yase.

Tu dis, ce mois d’octobre ;

Dans l’herbe sèche et haute près du verger

Quand tu fis le choix d’être libre

« à nouveau un jour, peut-être dans dix ans ».

Après l’université je t’ai vu

Une fois. Tu étais étrange.

Et j’étais obsédé par un plan.

Maintenant dix ans et plus ont

Passé : j’ai toujours su

Où tu étais.

J’aurais pu aller vers toi

Espérant reconquérir ton amour

Tu es toujours célibataire.

Je ne l’ai pas fait

J’ai pensé devoir m’en sortir seul. J’ai

Fait cela.

Rien qu’en rêve comme ce matin,

Me reviens l’intensité grave et angoissée

De notre jeune amour,

A l’esprit, au corps.

Nous eûmes ce que les autres

Tous recherchent et crèvent d’avoir.

Nous l’avons laissé derrière nous à dix-neuf ans.

Je me sens ancien, comme si j’avais

Vécu de nombreuses vies.

Et puisse ne jamais savoir

Si je suis un fou

Ou si j’ai fait

Ce qu’exige mon karma.

Aucun commentaire: